• Jamais Loin

    Nous ne sommes jamais loin du bruit de ferraille qui alourdit les élans de nos terres.

    Jamais loin du vertige, de la haute falaise dont le flanc est martelé par les vents.

    Il nous faut donc l’attention de l’arrière-regard, de l’œil doré.

     L’attention à la parole du  souffle, charriée chaque nuit en pleine clarté.

    L’arrière-regard fouilleur, cet arrière-regard sachant au sein d’un linge humide que tout  sens potentiel d’une heure tient au plus juste dans ce qui pourrait trembler d’insignifiance.

    L’œil doré que jamais nous ne voyons mais que nous entendons, telle pulsation mangeuse de soleil qui s’en vient tirer de la forge un sceau invisible.

    Et le souffle, ce bleu de souffle  criant depuis le remous des siècles portés aux chevilles.

     Le souffle qui Nous attend.

     

    Il Nous faut l’attention .

     

    Cette attention soutenue par les épaules, les os, la charpente, le sous-cheveux, la couleur sortie des tubes, les mines noires et le sépia d’un corps.

     Indissociable mot-vie cherchant à ne jamais s’oublier, ne jamais se noyer, l’appel comme loup seul sous la lune mangeuse de noir.

    L’attention

     Rempart à l’ombre-corps, la silhouette troublée , aperçue au détour des rêves, chemins, routes et sillons rouges.

     

     

    Nous ne sommes jamais loin non plus de l’oubli impérieux, du détachement salutaire, de la corolle d’une fleur de papier, d’une étamine aux pollens oranges, d’un couloir aux fenêtres déguisées, d’une lettre ou d’un mot , d’une phrase ou d’un manuscrit, d’un coffret de carton ou d’un coffre de béton.

    Jamais loin de ce  moment

    De celui qui bruisse de douceur , qui gémit dans l’étonnement du velours, qui anoblit la vie dans son creuset d’amour.

     

    Mais

     

    Que vont nous dire ou nous crier nos mémoires ?

    Sont-elles à ce jour libérées du froid qui crochetait les quatre coins d’une chambre, du temps, dont la chute dans un océan sans répit, a porté aussi entre ses bras la sombre musique de l’attente , après qu’il ait connu la majesté du silence accueilli ?

    En quelle glaise se sont-elles posées ?

    Pouvons-nous les dérober à leurs moules, les poser sur un chevet étoilé, les ériger neuves encore , encore plus vierges qu’au premier frisson partagé ?

    Que nous feront-elles vivre lorsque nous marcherons encore vers la minute…

    La rose dans son soliflore a laissé échapper à l’instant deux pétales…

    Son cœur est plein et rond….

    Peut être est ce dans la chute silencieuse de ces deux pétales qu’est la réponse…

     

     Nathalie BARDOU

    Juillet 2014

    Tous droits réservés

     


  • Commentaires

    1
    Samedi 5 Juillet 2014 à 14:26

    Accoster en ce lieu, y retrouver cette écriture qui est tienne.
    Accoster en ce lieu, y retrouver l'émotion de te lire
    La beauté du texte comme toujours, ce balancier des pensées entre questions et réponses.

    Merci Nath, un bouquet de sourires.

    Olivier


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